Marina Abramović fait partie du courant artistique de l'art corporel : elle s'est mise, à diverses reprises, en danger. Durant l'exécution d'une de ses œuvres, elle s'est même trouvée presque morte d'asphyxie sous un rideau de flammes.
Cependant, le but de cette artiste n'est pas le sensationnel. Ses œuvres sont des séries d'identification à des expériences et de redéfinition des limites : du contrôle de son propre corps, du rapport à un interprète, de l'art et par prolongation, des codes qui régissent la société. On peut donc dire que son projet artistique a l'ambitieux et profond dessein de rendre les personnes plus libres.
Selon Abramović, la performance est la présence de l'artiste avec sa propre structure mentale et sa propre idée à un certain moment. Elle définit la performance strictement différente du théâtre. Il y a un roleplay dans le théâtre, et vous pouvez jouer quelqu'un d'autre dans le théâtre. La performance est réelle et elle y voit un art unique et éphémère. Son but est de créer des performances éclairantes pour le spectateur, ce qui signifie des performances qui changent les choses et éclairent les spectateurs. L'une des choses les plus importantes qu'elle vise dans son art pour le spectateur d'être là, mentalement et physiquement, au cours de la performance et d'obtenir ce qu'ils peuvent.
Plusieurs de ses œuvres ont été brutales et perturbantes. Certaines d'entre elles ont atteint leur accomplissement final seulement quand un membre de l'assistance est intervenu. En cherchant le point auquel l'assistance atteint les limites de sa résistance à la douleur ou plutôt au témoignage de la douleur, l'artiste crée un point de rupture, accentuant radicalement le propre sens du moment du spectateur. Elle dit à ce propos : « Je suis intéressée par l’art qui dérange et qui pousse la représentation du danger. Et puis, l’observation du public doit être dans l’ici et maintenant. Garder l’attention sur le danger, c’est se mettre au centre de l’instant présent. »
Marina Abramović est soutenue à Belgrade dès ses premières œuvres qui figurent une rébellion contre son éducation stricte et aussi contre la culture répressive de la Yougoslavie d'après-guerre de Tito. Comme tout son travail, ces premières pièces sont des rituels de purification conçus pour sa propre libération.
The Artist is Present, MoMA, mai 2010.
En 1975, l'artiste rencontre Ulay. Pendant leur douze années de vie commune, ils collaborent et produisent des œuvres. Leurs pièces explorent les rapports de pouvoir et de dépendance dans la relation triangulaire avec le public.
Dans Relation in Time, en 1977, leurs bouches sont collées l'une à l'autre et des microphones sont attachés avec du ruban adhésif près de leurs gorges. Marina Abramović et Ulay respirent tour à tour l'air des poumons de l'un l'autre, jusqu'au point où ils n'échangent plus que de l'anhydride carbonique, et ce presque jusqu'au point de suffocation. Dans une autre œuvre de 1980, Rest Energy, ils tendent un arc chargé d'une flèche dirigé sur le cœur de Marina : seul le poids de leurs corps maintenant la tension ; des microphones enregistraient les rapides accélérations de leurs battements de cœur.
Entre 1981 et >1987, Marina Abramović et Ulay effectuent une série d'actions autour du monde intitulée Nightsea Crossing. Ils s'y installent comme des tableaux vivants dans les musées. Leur dernier travail ensemble (La Grande Promenade de mur de 1988) nécessite que chacun marche 2 000 kilomètres le long de la Grande Muraille, démarrant aux extrémités opposées et se réunissant au milieu. À l'origine de ce projet, cette marche l'un vers l'autre symbolisait les retrouvailles d'un couple amoureux. Mais huit ans plus tard (le temps nécessaire pour obtenir les autorisations du gouvernement chinois) et leur relation s'acheminant vers une rupture, leurs retrouvailles au milieu du mur donnent lieu à une longue accolade, avant qu'ils ne s'éloignent l'un de l'autre. En 2010, ils se retrouvent pendant une minute l'un en face de l'autre durant une performance de Marina Abramović au Museum of Modern Art (MoMA).
Marina Abramović est autoproclamée « grand-mère de l'art performance ». De cette génération d'artistes du début des années 1970 qui a choisi la performance comme moyen d'expression, elle est probablement l’une des plus actives - et celle qui a rencontré le plus de succès. En 1997, elle montre une installation et une performance nommée Balkan Baroque à la Biennale de Venise, où elle s'enferme durant quatre jours pour nettoyer un tas d’os sanguinolents alors qu'une vidéo projetée sur le mur de la pièce évoque l’histoire des guerres de Yougoslavie. Pour cette performance, elle reçoit la récompense du Lion d'Or du meilleur pavillon.
En 2011, elle cocrée la pièce de théâtre autobiographique The Life and Death of Marina Abramovic sous la direction de Bob Wilson au Manchester International Festival. En 2013, elle participe à la création du Boléro de Ravel pour l’Opéra de Paris aux côtés de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, et en signe la scénographie. En 2013, elle collabore avec la chanteuse Lady Gaga pour une expérience sensorielle visant à renforcer la sensibilité physique et mentale de l'artiste11. Dans un entretien publié en juin 2014, elle déclare à ce sujet « Lady Gaga a 43 millions d’admirateurs. Aucun artiste ou plasticien n’a une telle audience. C’est une autre manière de propager l’art ». Elle inspire également le chanteur Jay-Z, et apparaît à ses côtés dans la performance artistique vidéo Picasso Baby en 2013.
Elle a été accusée de satanisme, notamment pour sa performance Devils Heaven [Le Paradis du Diable], lors d'une soirée caritative au profit du Robert Wilson's Watermill Center, le 22 juillet 201313.
Depuis les années 1990, ses dîners Spirit Cooking évoquent des repas cannibales, comme en juin 2015, où une poupée en gâteau baignant dans une sauce rouge est mangée par les convives.